Échouer et rebondir, la résilience dans le sport et dans l’entreprise 

Pour aborder ce sujet, nous recevons aujourd’hui César Bourgois, jeune joueur professionnel de tennis. Diplômé d’un Bachelor en Business Marketing en 2021 de l’Université du Kentucky, où il alliait tennis de haut niveau et études, il s’est lancé depuis sur le circuit professionnel participant à des tournois “futures” (15 000$, première catégorie professionnelle dans le tennis). Classé 790ème mondial à l’ATP en double et 1 020ème mondial en simple, il nous livre sa vision de l’échec et de la résilience, indissociables de son parcours.   

C.R. : Bonjour César, en tant qu’athlète de haut niveau, que penses-tu de la citation de Nelson Mandela “je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends” ?  

C.B. : Ah, c’est une bonne question… C’est une citation qui résonne énormément dans le monde du sport, peut-être plus que dans beaucoup d’autres domaines. Nous, sportifs, comprenons très tôt que l’échec fait partie de notre quotidien. Sans échec, en réalité il est impossible de savoir vraiment ce qu’est le succès. D’autant plus dans le tennis, où la défaite est très présente : c’est un sport où l’on perd plus que l’on ne gagne. Cela peut paraître étonnant mais les statistiques le confirment. Pour vous donner une idée, hormis les 3 premiers joueurs mondiaux (de vrais extraterrestres !) nous perdons quasi systématiquement toutes les semaines. En moyenne, sur une année, on ne gagne qu’un tournoi sur un minimum de 25 participations ! Vous imaginez donc bien que si nous n’avions pas intégré, et ce depuis le début, que la défaite fait partie de l’apprentissage, nous aurions abandonné depuis bien longtemps. Autre statistique surprenante, en 2022, seulement 58% des joueurs figurant dans les 100 premiers mondiaux ont gagné plus de matchs qu’ils n’en ont perdus. Ainsi, les 42 autres % possèdent un ratio négatif de victoires/défaites, ce qui ne les empêche pas pour autant d’être des athlètes accomplis. Quand on connaît ces statistiques et que l’on est confronté à la défaite très régulièrement, on voit et vit l’échec d’une autre manière.   

C.R. : Quand tu parles de vivre l’échec d’une autre manière, qu’entends-tu par-là ?  

C. B. : L’idée est de changer notre mentalité face à l’échec. Ne plus voir la défaite comme un coup d’arrêt et garder à l’esprit que le résultat est bien moins important que le processus. Se servir de cette défaite pour se construire, la mettre au service de notre progression et avancer sur son chemin. 

C.R. : Être confronté à de nombreuses défaites ne doit cependant pas être évident tous les jours. Comment fais-tu pour que cela n’entame pas trop ta confiance ?   

C. B. : C’est bien là que se situe toute la difficulté de l’exercice. Ayant un esprit très compétitif, les défaites font toujours aussi mal. Ce n’est pas parce que nous y sommes souvent confrontés que nous la banalisons pour autant. Après chaque défaite, une profonde remise en question s’installe. À chaud, il est très difficile d’être objectif. C’est pourquoi un moment de réflexion s’impose pour digérer l’échec, et ce n’est que dans un second temps que, avec mon coach, nous faisons un débriefing constructif. Nous parcourons dans le détail, en toute transparence, ce qui a bien ou moins bien fonctionné. Cela me permet de relativiser cette défaite, de comprendre ce que j’ai à améliorer, pour ensuite persévérer. L’aide de mon entourage est très précieuse aussi car ils me rappellent le chemin déjà parcouru. Une aide extérieure est indispensable car pour être résilient sur le long terme, il faut garder une ligne directrice et de la confiance en soi.  

C. R. : Mais comment fais-tu pour garder tout le temps de la motivation malgré les obstacles et rester résilient ?  

C. B. : La clé du succès est de parvenir à entrer dans un cercle vertueux. Il faut augmenter le nombre de situations complexes où l’on sort de sa zone de confort, et les surmonter, avec ses compétences. Réussir, puis éventuellement échouer à nouveau. Mais échouer mieux ! Et peu à peu, entrer dans ce cercle vertueux qui permet de progresser, de se rapprocher de l’expression pleine et entière de son potentiel.   

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