La médiation au travail souffre encore de nombreuses idées reçues. Souvent perçue comme une option « disproportionnée », voire parfois comme une intrusion de l’employeur dans une relation interpersonnelle, ce levier essentiel de régulation des conflits est encore mal compris. Il est temps de changer de perspective !
Tour d’horizon des raisons pour lesquelles votre médiation va bien se passer avec Cristina Kuri, médiatrice et facilitatrice, co-auteur de « La médiation au travail : comment réussir. »
Les raisons d’une mauvaise perception
Deux raisons principales expliquent ces résistances et dans le même temps, soulignent pourquoi la médiation est précieuse.
D’une part, nous imaginons souvent que, parce que nous sommes des êtres humains dotés de raison, de langage et de compréhension, nous serons capables, en toute circonstance, de gérer nos différends. C’est donc aux yeux de certains un aveu de faiblesse, voire une admission d’échec relationnel, de faire appel à un tiers pour faciliter un échange.
D’autre part, demander ou accepter une médiation, c’est reconnaître l’existence d’un conflit et accepter la confrontation. Dans des situations à fort enjeux ou à forte charge émotionnelle, la confrontation nous renvoie à notre vulnérabilité, en faisant parfois émerger l’inquiétude de ne pas être entendus ou que nos besoins ne soient pas reconnus par notre interlocuteur. D’où cette justification fréquente du refus de médiation : « ça ne changera rien ». Et pourtant si.
Trois raisons de ne pas avoir peur de la médiation
Alors si vous vous trouvez dans une tension et préférez “raser les murs” plutôt que d’aller en médiation, voici trois raisons pour lesquelles cela vaut souvent le coup de changer d’avis.
En médiation, l’égalité des places est garantie
Quand un médiateur organise l’échange, il veille à ce que les parties adhèrent au principe d’égalité des places. Peu importe les différences de statut, les hiérarchies implicites, les tonalités symboliques : l’essentiel devient la discussion sur les besoins, les ressentis, et non une compétition d’arguments. L’objectif n’est pas de « compter les points », mais de favoriser la compréhension mutuelle sur les points de désaccord.
Le médiateur facilite l’écoute, pour vous et pour l’autre
Dans ce contexte, le médiateur agit comme un “interprète relationnel”. Autrement dit, il porte vos propos, les reformule, les clarifie pour que l’autre puisse les entendre avec la charge (émotion, intention) que vous y mettez. De même, il veille à ce que vous puissiez entendre l’autre (ses ressentis, besoins, points de vue) souvent mis sous silence par la tension. Grâce à la médiation, des paroles qui semblaient incompatibles peuvent devenir compréhensibles, voire convergentes.
La médiation permet de concilier des intérêts divergents
Contrairement à une décision imposée (par la hiérarchie ou les RH) qui pourrait être perçue comme injuste, la médiation vous donne la main sur l’issue. Car l’apport clé de la médiation, c’est de faire émerger des solutions coconstruites. Le cadre sécurisé, le tiers garant, et l’égalité des places facilitent l’engagement et le respect des choix formulés ensemble.
Si les résistances initiales à la médiation sont naturelles, car elles confrontent nos doutes et nos vulnérabilités, elles démontrent aussi tout l’intérêt du dispositif : dégager un espace essentiel de parole, de reconnaissance et de compréhension mutuelle.
Rappelons-nous enfin que malgré toutes nos bonnes intentions, nous sommes parfois aussi doués pour résoudre nos propres conflits que pour soigner nos propres maladies : nous y arrivons à certains moments, et à d’autres nous sommes bien soulagés de pouvoir recourir à un médecin !
Cristina Kuri