Le Covid a engendré de nombreuses mutations dans nos vies personnelles et professionnelles. Parmi elles, le télétravail, qui fut d’abord imposé dans de nombreux pays dès le premier confinement en mars 2020, avant de peu à peu devenir une norme pour un grand nombre d’actifs dans le monde.
Pour éviter cependant de généraliser ce qu’il s’est réellement passé dans des pays à cultures divergentes, le Tour du Monde de l’inno se concentre aujourd’hui sur des mises en place différentes du télétravail à travers les pratiques de trois pays, sans parler de la France que nous avons déjà évoquée dans notre article Brève histoire du télétravail. Direction les Etats-Unis, la Suède et le Japon !
Aux Etats-Unis, entre 100% télétravail, le travail hybride et le télétravail interdit, les avis divergent.
Il y a ceux qui ont été complètement chamboulés lorsqu’ils ont dû mettre leur formule quotidienne « métro-boulot-dodo » sur « pause »… et il y a ceux qui, au contraire, ont préféré garder leurs nouvelles habitudes après des mois à se réorganiser pour travailler depuis chez eux. Du côté des américains, il semblerait que toutes les entreprises ne se soient pas mises d’accord sur la mise en application du telework.
Prenons Google. Des mois après la fin des confinements successifs, les 144 000 salariés du géant d’Internet n’ont toujours pas été rappelés au bureau. Pour cause, principalement l’influence du variant Delta, qui ne fait que repousser la date de retour entre les murs de Google, pour janvier 2022… Mais pas totalement : au programme, trois jours sur cinq en présentiel, les deux jours restant étant réservés au travail à la maison. Ce mode d’organisation hybride n’est pas pour déplaire aux actifs de la Silicon Valley, souvent sous l’eau. En effet, un grand nombre d’entre eux a réalisé le manque d’équilibre entre leur vie personnelle et leur vie professionnelle avant l’arrivée du coronavirus dans leur vie. Une manière de tirer parti du nouveau rythme proposé par la direction.
Pas de modèle hybride pour Twitter, Facebook ou encore LinkedIn : chez eux, le télétravail peut être autorisé… pour toujours, à partir du moment où les employés le souhaitent ! Si cela n’est pas pour déplaire aux employés intéressés par le travail à distance, c’est aussi un argument concurrentiel en béton, qui vient renforcer leur marque employeur, dans l’espoir d’attirer de nouveaux talents. Et dans le cas où certains ne sont pas convaincus par le travail à domicile, ils auront toujours accès à des locaux : télétravail ou pas, cela reste du cas par cas.
Autre son de cloche du côté de chez Apple : la multinationale est catégorique : aucune formule de full remote (100% télétravail) ne sera autorisée. La raison ? Pas la distanciation sanitaire, mais plutôt l’envie de capitaliser sur la conviction, toujours dans la Silicon Valley, que l’innovation et la créativité naissent d’échanges imprévus, presque qu’accidentels, dans les couloirs, à la cantine de la boîte, ou encore autour de la machine à café. Pour Apple, c’est bien beau, les ordinateurs et les messageries internes, mais c’est bien en chair et en os que les employés sont attendus au tournant.
En Suède, des entreprises oeuvrent pour organiser et rendre le télétravail possible
Direction l’Europe, et plus précisément en Suède. Dans un pays connu pour l’importance de l’équilibre vie pro-vie perso, le télétravail a été globalement bien reçu : à Stockholm et selon un récent sondage, trois habitants sur quatre affirment ne pas souhaiter retourner au bureau cinq jours par semaine. De manière plus globale, les pays du nord, connus pour une culture du travail plus flexible que dans d’autres pays, ont relevé des taux record de télétravailleurs durant la crise, avec 40% de travailleurs à distance en Suède.
Pour que cela soit possible, plusieurs entreprises ont décidé d’agir en faveur du travail à la maison. D’abord, l’entreprise à la tête des transports en commun propose désormais un nouvel abonnement à ses utilisateurs : ceux qui le souhaitent peuvent voyager dix jours dans le mois, sans avoir à payer plein pot un abonnement qu’ils n’utiliseraient qu’à moitié… voire moins.
D’autres entreprises, comme le constructeur de camion Scania, l’opérateur de télécom Telia, le fournisseur d’énergie Vattenfall et la sécurité sociale suédoise, ont tous demandé à leurs salariés de revenir au bureau, tout en leur autorisant 50% de télétravail, s’ils le souhaitent. Pour ne pas que leur travail en prenne un coup, certains leur prêtent du matériel pour qu’ils s’équipent chez eux… comme au bureau.
Au Japon, le télétravail n’a pas de côte
Du côté de l’Asie, et plus particulièrement au Japon, grâce à une étude réalisée par l’économiste Toshihiro Okubo, on constate deux choses : la première est que l’Archipel n’a pas échappé à la montée du travail à la maison au printemps 2020, puisque 25% des actifs japonais ont été concernés… contre 6% avant la crise. De grandes sociétés comme Sony, Softbank ou encore Toyota se sont organisées par exemple pour que le télétravail généralisé soit applicable. La seconde est qu’à contrario, leur productivité a baissé de 20% en moyenne.
Concernant le premier point, étonnamment, le télétravail a trouvé sa place en quelques semaines à peine, alors que le gouvernement peinait depuis quatre ans à instaurer ce mode de travail, sans grand succès. Cependant, dans un pays où le temps de transport pour se rendre sur son lieu de travail figure parmi les plus importants du monde, il est étonnant de constater que le télétravail n’ait pas eu un impact positif sur la productivité des actifs sachant qu’ils ont pu gagner ce temps quotidien sur leur activité. La raison ? D’après la même étude, il semblerait que la productivité des salariés japonais repose grandement sur « le travail en équipe et les échanges informels », rendus difficiles – bien que possibles – à distance.
Il semblerait donc que rendre le télétravail possible, attrayant aux yeux des employés et efficace pour l’ensemble de l’entreprise nécessite donc de réelles modifications organisationnelles. Reste aux gouvernements, et peut-être aux entreprises intéressées de s’inspirer des entreprises suédoises, ou encore d’exemples comme Twitter, Facebook, ou LinkedIn, pour accompagner leurs équipes à mener à bien cette révolution !
Anaïs Koopman