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Six façons de nourrir sa créativité au travail

Lorsque l’on pense « créativité », on a tendance à ne se concentrer que sur les métiers artistiques. Et pourtant, comme le précise Anne Thévenet-Abitbol, Directrice Prospective et nouveaux concepts chez Danone, dans l’interview qu’elle nous a donnée, « Toute personne, qui à un moment donné se rend compte dans son métier, quel qu’il soit, qu’il y a un moyen plus simple, rigolo, fin ou sensé de faire quelque chose, opère déjà un acte de création. » Alors, comment booster sa créativité au travail ? Nous vous partageons 6 façons de la nourrir !

Se reposer, décrocher

Albert Moukheiber nous a mis la puce à l’oreille, lors d’un autre entretien autour du lien entre la créativité et les périodes d’improductivité, en déclarant : « Il est important d’alterner les moments de performativité avec des moments détachés de toute recherche de performance. Et ce, que ce soit dans le travail – quel que soit le domaine – ou dans toute autre activité ! » Ces périodes d’inactions peuvent aussi bien être des moments de repos, que des moments d’oisiveté, ou encore d’ennui… Le tout est de savoir se détacher de son travail pour pouvoir y revenir la tête libre, et ouverte à de nouvelles idées ! Et ce, avant même de frôler l’état de saturation qui peut nous guetter, lorsque l’on garde trop longtemps la tête dans le guidon… Un peu comme le britannique Newton, qui selon la légende, aurait découvert la théorie de l’attraction universelle suite à la chute d’une pomme, alors qu’il faisait un petit somme au pied d’un pommier… Une anecdote qui nous rappelle le principe de sérendipité, ou l’art de « trouver autre chose que ce que l’on cherchait »… à condition de savoir lâcher prise !

Marcher

Certes, les périodes d’improductivité ou de pause sont importantes pour la créativité mais le mouvement l’est tout autant. Bien se connaître permet de savoir décoder les attentes de son esprit. Lorsque vous sentez que vous avez besoin de respirer un coup, demandez-vous dans quelle énergie vous êtes au moment T : préférez-vous vous poser un instant, ou au contraire sortir marcher un moment ? Si vous optez pour la seconde option, il semblerait que cela puisse favoriser votre créativité. En effet, d’après une étude menée par les chercheurs Marily Oppezzo et Daniel Schwartz de l’Université Stanford, les marcheurs afficheraient des résultats 80 à 100% supérieurs aux plus casaniers en termes de pensée divergente (« un processus ou une méthode de pensée utilisée pour produire des idées créatives en envisageant de nombreuses solutions possibles »)… et de créativité. L’idéal ? Marcher au moins 20 minutes par jour, d’après une étude du professeur Jo Barton de l’Université d’Essex (Royaume-Uni), qui a observé des effets positifs sur le corps et le mental dès les premières minutes de balade ! Alors, à vos marques, prêts, partez !

Penser comme les enfants

Vous en connaissez beaucoup, vous, des enfants bloqués dans leur créativité ? À croire qu’en grandissant, nous mettons nous-mêmes des freins à notre imagination… Heureusement, nous savons comment y remédier : en s’inspirant des enfants, tout simplement. L’astuce ? Mettre de côté toute contrainte, se libérer de toute peur de se planter, et foncer en osant laisser la raison loin derrière soi, ce qui ne vous empêchera pas de la retrouver par la suite, pour rendre votre idée créative pertinente vis-à-vis de votre travail… Vous pouvez aussi utiliser la technique de négociation favorite des enfants, « et si », qui leur permet d’arriver à leurs fins, en imaginant pleins d’alternatives créatives à une situation !

Coucher ses idées sur le papier

Nombreux sont ceux qui laissent leurs idées s’envoler à une vitesse déconcertante… et c’est bien dommage. Grâce au pouvoir de l’écriture, vous pouvez non seulement garder vos idées bien au chaud, mais aussi y voir plus clair au beau milieu du brouhaha de votre imagination. Ainsi, à la prochaine inspiration, munissez-vous d’un crayon et d’un carnet ou de votre smartphone ou ordinateur… et listez vos idées, ainsi que tout ce qui les accompagne et pourrait faire qu’elles voient le jour, un beau jour. Concrètement, vous pouvez vous inspirer de James Altucher entrepreneur, gestionnaire de portefeuille, investisseur, écrivain et créateur de podcasts américain (rien que ça). Ce dernier se définit comme une « machine à idées » et affirme que tous les matins, il écrit entre 10 et 20 idées. Son seul critère ? Qu’elles soient « nouvelles et intéressantes. » Alors, faites de même ! Votre créativité vous remerciera : elle sera stimulée par votre coup de crayon et arrêtera de s’emballer toute seule, dans le vent.

Chouchouter sa motivation

Eh oui, qui dit « créativité », dit « motivation » ! En effet, les travaux menés par plusieurs chercheurs prouvent que la motivation intrinsèque des actifs joue un rôle particulièrement important dans l’exercice de leur créativité. Parmi eux, Teresa Amabile a montré, à partir de travaux effectués entre 1988 et 1997 que les personnes créatives étaient « marquées par une forte motivation intrinsèque et une faible sensibilité aux facteurs extrinsèques de motivation ». À noter que pour Amabile, les « motivations intrinsèques » font référence à « l’intérêt porté à la tâche, à la satisfaction procurée par le fait d’exercer telle ou telle activité ». Dans ce sens, priorisez – et pas uniquement pour votre créativité, mais aussi pour votre bien-être ! – des activités que vous trouvez « intéressantes, satisfaisantes et personnellement attrayantes » au sein de votre poste. Votre quotidien n’en sera que plus agréable… et empli de créativité !

Focus employeur·e·s : Laissez un espace de créativité à vos employé·e·s !

En effet, encore une fois, plus vos collaborateurs se sentiront contraints et limités dans leur créativité, moins ils seront en mesure de vous communiquer leurs idées. À tous les niveaux de la hiérarchie, assurez-vous que chacun puisse sortir du simple rôle d’exécutant et se sentir libre de faire courir sa créativité et d’être force de proposition. De plus, sur du plus long terme, si le potentiel créatif de votre entreprise ne dépend que de certains cerveaux, vous risquez de tourner en rond… Enfin, si la créativité dépend de la motivation intrinsèque des actifs, leur motivation peut également dépendre de la marge de manœuvre dont ils disposent pour laisser libre court à leur imagination. Soyez tous gagnants : développez ce cercle vertueux et distribuez la responsabilité créative au sein de votre entreprise, à tous les niveaux hiérarchiques !

Que cela passe par des moments de calme ou de marche active, que vous vous inspiriez des enfants ou des écrivains, que vous prêtiez une attention particulière à vos motivations intrinsèques et à votre autonomie, ainsi qu’à celles de vos collaborateurs si vous êtes manager, n’oubliez jamais les effets positifs que ce genre de pratiques auront sur votre créativité et celle de ceux qui vous entourent. Ne vous brimez plus !

Anaïs Koopman

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