Après le succès des Jeux Olympiques, l’heure est au bilan. Car si l’organisation des JO Paris 2024 a comporté son lot de problématiques sociales, et environnementales (comme c’est d’ailleurs le cas pour tous les jeux), les athlètes eux-mêmes, nous ont offert de belles leçons tout au long de ces dernières semaines. Et c’est donc de leur côté que nous avons décidé d’aller creuser.
Alors quels enseignements peut-on tirer de ces 33ème JO ?
Les échecs font partie de l’apprentissage, et donc de la victoire
Pendant ces jeux, certains athlètes ont laissé apparaître la grande vulnérabilité qui accompagne les victoires bien sûr, mais aussi bien les défaites. Les enjeux sont grands et le travail en amont également, aussi il est arrivé à plusieurs reprises que l’émotion submerge les sportifs face au public.
C’est par exemple le cas de Benjamin Thomas devenu champion olympique su l’omnium en août dernier, après avoir obtenu la 4ème place à Tokyo, 3 ans plus tôt.
« J’étais en mission. Ce matin, je me sentais vraiment détendu, j’étais bien, j’avais l’expérience de Tokyo où je suis arrivé sur le vélodrome avec la peur au ventre. Là, j’ai couru libéré je suis toujours resté focus sur mon objectif de podium puis après, quand j’ai vu sur la course aux points que ça s’alignait bien pour moi, qu’on allait être à trois et que j’étais le plus rapide au sprint, je me suis dit : »saisis ta chance, gamin ». »
À l’occasion d’une interview pour Bein Sport, il a ajouté : « C’est aussi comme ça que je me suis construit, sur cet échec. J’ai su rebondir et trouver les ressources pour aller chercher ce titre. »
Source : compte Instagram de Thomas Benjamin
Athlètes et parents : l’importance d’un cadre favorisant l’équilibre entre ces deux rôles
En janvier, la judoka Clarisse Agbegnenou, 31 ans et mère d’une petite fille a profité de la visite du président Emmanuel Macron aux athlètes pour émettre une requête spécifique : avoir sa fille avec elle au village olympique « pour me sentir bien et être à fond dans ma dernière ligne droite de ces Jeux Olympiques ».
En février, la demande a été acceptée par le comité olympique et il a été décidé qu’un logement à l’hôtel serait proposé, en dehors du village olympique « pour offrir les meilleures conditions d’équilibre » aux athlètes.
Dans ce même hôtel, un espace famille a également été mis en place pour que les parents puissent y retrouver leurs enfants quel que soit leur âge. De quoi rappeler l’importance d’un cadre permettant de concilier son travail et sa vie personnelle.
Documentaire réalisé par Julien Soulier, disponible en replay sur France TV
Le travail oui, le plaisir aussi !
Si Léon Marchand a été sacré quadruple champion olympique de natation, faisant preuve d’une endurance et d’une technique impressionnantes, c’est surtout le plaisir pris pendant ses courses qu’il a régulièrement mentionné auprès des journalistes.
Dans une interview il a même confié qu’il s’agissait de sa « clef » à lui, et peut-être même la clef de sa réussite. Le champion nous le rappelle ainsi, après avoir travaillé durement, il est important de se détacher des enjeux et donc de la peur de l’échec pour se rattacher aux sensations et à ce qui nous donne de la joie. « Prendre du plaisir et kiffer tout simplement ! », a-t-il ajouté.
Source : compte Instagram Léon Marchand
La dynamique de compétition n’empêche pas l’estime, le respect et la bienveillance envers ses concurrents
C’est Teddy Riner nous en a donné le plus bel exemple après son combat avec le japonais de seulement 22 ans, Tatsuro Saito lors de la finale en équipe mixte. Après plusieurs minutes d’un bras de fer acharné, Teddy Riner a fini par le battre.
Tatsuro Saito n’a pas tardé à exprimer sa honte et son extrême déception vis-à-vis de ce combat. Très dur envers lui-même, il a qualifié sa performance de « pathétique » sur son compte Instagram et exprimé sa honte de rentrer au Japon sans médaille.
Dans un tweet, Teddy Riner a souhaité rétablir la vérité sur la performance de son adversaire.
« Cher Tatsuru Saito, je veux affirmer, après notre dernier match, que ton impressionnante performance appelle le respect de tes adversaires, mon respect. Ta détermination et ton esprit de combat m’ont impressionné et m’ont permis de me surpasser. Ce fut un honneur de te rencontrer sur le tatami. Les échecs font partie intégrante de notre processus et nous apprennent autant, voire plus, que les victoires. Je suis convaincu que tu reviendras encore plus fort. Dans l’attente de te revoir, mon ami. Avec tout mon respect. Teddy Riner »
Une leçon de bienveillance et de solidarité qui d’ailleurs redonné de l’espoir à son adversaire. Après l’avoir chaleureusement remercié, Tatsuru Saito lui a ensuite donné rendez-vous pour une revanche sur le tatami à l’occasion des Jeux Olympiques de Los Angeles en 2028.
Source : compte X de Teddy Riner
Ne pas rentrer dans les codes n’empêche pas d’atteindre ses objectifs
Les difficultés de santé et la réussite
Noah Lyles, athlète américain et champion olympique des 100m a posté un message sur les réseaux sociaux après sa médaille d’or : « Je souffre d’asthme, d’allergies, de dyslexie, de troubles de l’attention, d’anxiété et de dépression. Mais je veux vous dire que ce que vous avez ne définit pas ce que vous pouvez devenir. Pourquoi pas toi !»
Un message inspirant qui permet à la fois de rendre compte sans détour l’impact potentiel des problèmes de santé sur les envies et les projets tout en laissant entrevoir une brèche, loin de tous déterminismes.
Le physique ne détermine pas le niveau de performance
On a beau assister aux performances les plus stupéfiantes, la question du physique est toujours une source de commentaires ! Notamment pour les femmes. La judoka Romane Dicko, a ainsi poussé un coup de gueule sur les réseaux sociaux juste avant le début des jeux pour répondre aux nombreux commentaires qu’elle recevait sur les réseaux sociaux à ce sujet.
« Qui, en 2024, croit encore que les personnes qui font du sport sont forcément fines ? Je fais du haut niveau et j’ai des bourrelets oui, ça existe, et ça ne m’a pas empêchée de faire du judo à un très bon niveau, ça ne m’a pas empêchée de gagner les championnats du monde, ça ne m’a pas empêchée de gagner des médailles olympiques à Tokyo. Tous les corps sont importants, tous les corps sont méritants. De la plus petite gymnaste à la plus grande joueuse de volley, des joueurs de rugby aux sprinteurs, tous les types de corps sont beaux et peuvent faire des choses incroyables. Vraiment, voyez-vous dans ces athlètes et dites-vous que vous pouvez le faire aussi ».
Ilhona Maher, joueuse de rugby, déconstruit elle aussi les stéréotypes sur ses réseaux sociaux, avec beaucoup d’humour et de piquant « Je suis considérée comme étant en surpoids, en attendant c’est moi qui vais aux JO, pas vous. »
Si toutes n’ont pas pris la parole directement, leurs performances, victoires et réussites constituent tout autant de preuves qu’un corps sportif est avant tout un corps capable et pas une taille de pantalon.
Grâce à ces prises de parole, un sacré vent de fraîcheur a enfin soufflé sur le monde du sport, et ce que le grand public en perçoit !
Conclusion : JO Paris 2024, une certaine idée de l’inclusion
Loin d’être présentés et de se présenter comme des machines, les athlètes des JO ont montré au monde entier qu’ils étaient…des êtres humains.
Avec un espoir pour nous tous : le talent peut être, l’envie et le travail surtout, et un environnement inclusif peuvent permettre d’accomplir de grandes choses.