Ahhhh Noël ! Qui a l’occasion de le fêter en famille connaît toute l’ambivalence des sentiments que le repas du réveillon inspire à l’approche de la date fatidique… Bonheur à l’idée des agapes mêlé à l’appréhension de l’inéluctable moment où la tante Berthe ou le cousin Gaston vont mettre les pieds dans le plat. Que ce soit pendant l’apéro ou au dessert, voici 5 conseils pour faire face à la sempiternelle engueulade du réveillon.
1. « Oh Thérèse ! Une serpillère ! C’est formidable, fallait pas… »
Comment dire à sa belle-mère que le pull qu’elle vous a tricoté est comment dire… Laid ? Pour savoir s’il est bon ton d’aborder un sujet qui fâche, nous vous conseillons de le passer au moulinet des 3 filtres de Socrate. Trois petites questions à se poser donc : Est-ce vrai ? Est-ce bienveillant ? Est-ce utile ? En l’espèce, la véracité est évidente et l’utilité est tentante de lui suggérer de penser plutôt à vous offrir une carte cadeau. Mais côté bienveillance, le risque est grand de la vexer durablement…
Fini l’angoisse : Sans en faire de trop (ne versons pas dans l’hypocrisie !), on remercie chaleureusement la belle-mère pour sa délicate attention. Une fois rentré chez soi, si le vêtement reste portable on peut tenter de le revendre sur internet… Au pire, on l’offrira à quelqu’un pour qui le beau n’est pas un critère vestimentaire. Dernière alternative : on peut aussi se le réserver pour les dimanches cocooning, loin de toute interaction sociale.
2. « Ah les jeunes d’aujourd’hui, ce n’est plus ce que c’était ! »
Pour contrer l’estocade triviale de l’ancêtre qui se complaît à idéaliser son passé pour diaboliser la jeunesse, il suffit de rentrer dans son camp. Il trouve vos neveux et nièces énervants à être tout le temps le nez collé sur leurs écrans ? « C’est vrai qu’en matière de lien social on peut mieux faire, et puis c’est pas l’idéal pour leur développement cognitif ». Puis on l’amène à nuancer son propos : « Mais en cas de force majeure, c’est quand même vachement pratique pour avoir la paix, tu trouves pas ? »
Fini l’angoisse : On peut se targuer d’avoir choisi le cadeau idéal, un gros paquet de bûchettes de construction : à jouer seul ou à plusieurs, parfait pour la créativité ! Le bonus : on épargne l’angoisse des parents avec ce jeu option sans piles ni bruit strident !
3. « Quand même, les gilets jaunes… »
Alerte débat politique houleux ! Votre cousin s’évertue à partager le fond de sa pensée sur les sujets chauds de l’actualité ? Face à toute situation de danger, il n’existe que trois réactions possibles, que les Anglo-Saxons dénomment les 3F : « Flee, Fight, Freeze » ; ou « fuir, riposter, céder » dans la langue de Molière. Riposter est ici contre-indiqué au risque de devoir appeler les pompiers. Dans ce débat sans issue, céder aux joutes verbales radicales n’est pas une meilleure idée. Reste la dernière alternative : la fuite.
Fini l’angoisse : Préparez-vous un petit index des mots à éviter : #GiletsJaunes, #Macron, #Migration… Dès qu’un de ces mots clés s’invite dans la conversation, vous n’aurez qu’à choisir une des portes de sorties que vous aurez soigneusement étudié en amont : « Tu reprendras bien un peu de magret ? », « C’est pas un renne que je viens de voir passer devant la fenêtre ? », « Quelqu’un a pensé à prendre du citrate de bétaïne ? »
4. « Oups, la dinde vient de partir en frisbee contre le mur ! »
Votre (belle-)mère est à deux doigts du burn-out. Comme d’habitude, c’est elle qui s’est farci la quasi-totalité de la logistique du repas de noël : courses, ménage, et maintenant cuisine… Inutile de lui rappeler que son entrée est déjà froide, elle le sait, mais elle sait aussi que les pommes duchesses n’attendent pas. Et bien sûr comme elle est pressée, elle ne manque pas de se brûler. Il suffit alors d’une petite déconvenue, comme l’intervention impromptue de votre sœur : « au fait maman, tu te rappelles que mon copain est vegan ? » pour que tout ça finisse en crise de larmes.
Fini l’angoisse : C’est d’un bon sens sans appel : et si cette année on se partageait les tâches ? Entendons-nous bien, l’idée est de parvenir à une répartition équitable (non, décorer le sapin n’est pas aussi chiant que d’éplucher les grains de raisin…). Et si votre mère fait de la résistance pour se délester de sa surcharge mentale (rendons-nous à l’évidence : ce n’est pas donné à tout le monde de couper proprement du foie gras !), rendez-vous utile à votre manière, en vous occupant du service par exemple.
5. « Tes enfants ils croient encore au père Noël ? »
Ah, la fameuse gaffe qu’il ne fallait pas faire ! C’est vraiment pas de chance, votre nièce n’avait pas les écouteurs au moment où vous confessiez votre manque d’enthousiasme à enfiler une fois de plus le costume et la barbe qui sentent la cave… Et là, c’est le malaise : la sinistre rumeur se répand parmi les enfants, conduisant à un véritable drame collectif. Gros moment de solitude pour les parents, tandis que vous fixez la cheminée en vous demandant comment vous pourriez bien vous échapper…
Fini l’angoisse : Rattrapez la boulette tant que vous le pouvez : avant que l’enfant trauma-choqué égrène la nouvelle auprès des autres, tentez de nier en bloc. En cas d’échec, essayez de le soudoyer pour qu’il reste dans le jeu du secret : « C’est pas toi qui avait demandé le tyrannosaure géant ? ». La manipulation c’est mal, mais si ça peut sauver la soirée familiale… « Tu l’auras dans la semaine… Mais motus et bouche cousue, parce le père fouettard, lui, existe bel et bien ! ».
Valentine Poisson