À la sortie de l’Emirates Stadium d’Arsenal à Londres, les supporters ralentissent, un sourire amusé aux lèvres, en découvrant la statue de leur idole, le footballeur Thierry Henry, ornée d’un faux bébé en écharpe. La scène se répète devant celles de l’acteur Gene Kelly et de l’ingénieur Isambard Kingdom Brunel, affublées des mêmes poupées. Nous sommes le 24 septembre 2024 et l’initiative choc portée par le collectif The Dad Shift en faveur d’un allongement du congé paternités’installe dans la capitale britannique.
Le Royaume-Uni fait en effet figure de mauvais élève en Europe, offrant seulement deux semaines de congé légal contre 25 jours calendaires en France, et bien loin derrière la Suède, pionnière en la matière, où les pères peuvent prendre entre 12 et 78 semaines indemnisées. Un retard en termes de politique d’égalité dans les entreprises qui suscite la colère des salariés britanniques depuis la publication des résultats de l’enquête nationale sur les droits parentaux réalisés en 2019.
Pour Marvyn Harrison, fondateur de l’association Dope Black Dads, qui soutient la campagne, cette question est cruciale pour la société : « Il est urgent de créer des conditions durables pour que les hommes deviennent de meilleurs parents, de meilleurs partenaires, et de meilleures personnes. » En effet, les études sont unanimes : un congé paternité plus long répondrait au désir des hommes de participer davantage à l’éducation de leurs enfants, réduirait les discriminations de genre au travail, améliorerait la santé mentale des mères en allégeant la charge domestique et, d’après le rapport du Centre for Progressive Policy, boosterait même l’économie britannique de 23 milliards de livres sterling !
Applaudie par l’opinion publique, The Dad Shift a également accompagné cette campagne d’une lettre ouverte adressée au premier ministre Keir Starmer, espérant ainsi provoquer une prise de conscience auprès du gouvernement britannique. Un enjeu de taille pour ce dernier, déjà engagé auprès des citoyens à concrétiser la réforme du congé paternité avant la fin de la première année de mandat… Le temps presse.
Gabrielle Pastel