Tenue pour la première fois le 11 mars 2017 et célébrée tous les ans depuis, la journée internationale des start-ups trouve son origine dans une initiative ivoirienne des promoteurs de l’African Startup Forum (ASF), centre non gouvernemental accompagnant les jeunes créateurs d’entreprise dans le développement et la promotion de leur projet.
Cette journée est une belle occasion de mettre en lumière ces jeunes pousses technologiques et innovantes à fort potentiel de croissance et à travers elles, celles et ceux qui font preuve d’audace, de créativité, d’agilité et de résilience.
Les start-ups tentent, expérimentent, apprennent, se trompent et recommencent jusqu’à trouver la bonne recette et un modèle économique viable. De plus en plus d’entre elles œuvrent à créer des produits et services novateurs à impact positif sur notre société et sur l’environnement. La France en compte aujourd’hui plus de 10 000, un nombre en augmentation de plus de 20% chaque année qui bat également des records en termes de financement : 5 milliards d’euros récoltés par les startups tricolores sur l’ensemble de l’année 2020 ! De quoi susciter des vocations …
A ce titre, l’événement digital Start-up For Teens en fait la promotion auprès de jeunes publics de 12 à 20 ans en les incitant à devenir acteurs de leur avenir. Conférences exploratoires pour découvrir les métiers du numérique, de l’innovation et de la technologie, apprentissages ludiques, ateliers de créativité, rencontres avec des professionnels des secteurs dans l’optique de trouver un stage, accompagnement par des coachs pour développer ses soft skills … un programme complet et gratuit pour donner aux collégiens et lycéens les moyens d’envisager les métiers de demain.
Cela nous a donné envie de vous présenter des start-ups qui nous tiennent particulièrement à cœur !
Toolpad, l’outil d’inclusion numérique
Forte du constat que 13 millions de Français souffrent aujourd’hui de la fracture numérique, cette startup tourangelle à l’initiative de 3 étudiants, Adrian Guéry, Alexandre Fauchard et Justin Martin, s’est donnée pour mission de rendre accessible à tous l’utilisation de l’informatique. En découle Toolpad, une solution simple, ergonomique qui, grâce à un boitier à écran tactile branché en USB à un ordinateur, permet d’assister n’importe quel usager en lui facilitant ses démarches administratives ainsi que l’utilisation de logiciels parfois complexes. Déjà identifié par une étude de l’Insee en 2019 comme source de vulnérabilité sociale, l’illectronisme (rapprochement de « illettrisme » et « électronique ») est un enjeu de politique publique sachant que la pandémie a accéléré la transition numérique et que le gouvernement s’est donné comme objectif la dématérialisation totale des démarches administratives d’ici 2022. Dans ce contexte, la solution Toolpad a devant elle de belles années de service d’utilité publique !
K-Ryole, la vélo-logistique pour réduire l’impact CO2
Sans le savoir vous en avez surement déjà vu dans les rues, à une période où les livraisons propres à vélo fleurissent dans toutes les villes de France ! K-Ryole, start-up créée par Nicolas Duvaut et Gilles Vannier, deux amis ingénieurs de Centrale-Supelec, s’est attaquée à optimiser et rendre plus verte la logistique du dernier kilomètre, la plus coûteuse pour les organisations, tant sur le plan financier – 20% du coût du transport – qu’au niveau écologique soit 25% des émissions de gaz à effet de serre. Pari réussi ! Jusqu’à 250 kg de marchandises sont transportés et livrées à vélo sans effort pour le livreur qui passe partout et notamment sur les pistes cyclables. Un autre avantage non négligeable : la remorque peut s’utiliser de façon indépendante et être maniée à la main. La spécificité de leur innovation ? Une technologie qui permet à la remorque de s’adapter à la vitesse du vélo qui la tracte et d’être utilisée avec n’importe quel type de vélo. Cette « charrette intelligente » a du succès : Franprix, Biocoop, Leroy Merlin mais aussi la Ville de Paris font déjà partie des clients. K-Ryole participe à changer la physionomie de nos villes pour les rendre plus propres, calmes et agréables à vivre, tout en prenant en compte le bien-être au travail et la sécurité des livreurs.
Jean Bouteille, la bouteille consignée et réutilisable
Une autre belle façon de changer le profil de nos villes et de nos cuisines ! La start-up Lilloise Jean Bouteille réinvente la consigne en l’associant à la vente en vrac pour contribuer à la réduction des emballages à usage unique pour les liquides. Le concept est simple et efficace : le consommateur adopte une Jean Bouteille et la réutilise pour acheter tous ses liquides, de l’huile d’olive au shampooing, en passant par la lessive et même le vin ! Une idée qui va au-delà d’une mise à disposition des bouteilles, puisqu’elle intègre également tout le cycle de distribution. Jean Bouteille propose ainsi aux magasins la location/vente des meubles pour vrac liquide alimentaire et non alimentaire, la mise en place des bouteilles consignées réutilisables, la fourniture des liquides et la location/vente d’une mini-laveuse, voire la gestion d’une unité de lavage. En amont, la chaine de production est également vertueuse : fontaines à liquides en matériaux de recyclage ou réutilisables issus de production écologique, systèmes électroniques produits majoritairement en Europe sur la base de logiciels open-source, collaboration avec des ESAT locaux ou encore produits liquides issus de productions responsables et biologiques labellisés. Ce nouveau concept gagne nos supermarchés et s’exporte dorénavant en Europe. Chaque mois 30 à 40 nouveaux sites s’équipent et élargissent le réseau. Quand on sait que chaque français produit 354 kg d’ordures ménagères par an, ce beau projet qui a pensé à tout en remettant au goût du jour une pratique désuète mais efficace, associée aux innovations technologiques, prend un tour essentiel…
Phénix, la solution contre le gaspillage
Selon un rapport de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maitrise de l’Énergie), 18% de notre production alimentaire est gaspillée tous les ans, soit 10 millions de tonnes de déchets alimentaires produits. La start-up Phénix s’est lancé le défi de contribuer à réduire fortement ce gaspillage, en partant du principe que « lorsqu’on jette quelque chose, c’est simplement que l’on n’a pas trouvé quoi en faire ». A travers une application mobile et une plateforme BtoB, Phénix propose des solutions sur-mesure de recyclage et de redistribution des invendus de la grande distribution aux petits commerçants, en passant par les restaurants. Dons des invendus à des associations partenaires, dons des restes pour l’alimentation animale, stickage des dates courtes en rayon, ventes de paniers surprise ou à prix réduits sur l’application sont autant de solutions proposées par la start-up à tout l’écosystème de l’industrie alimentaire, et qui contribuent à faire de Phénix « une sorte de banque alimentaire 2.0 » selon son co-fondateur et président, Jean Moreau. Par son rôle de conseil et son approche pédagogique par la prévention, Phénix crée un cercle vertueux en revalorisant les invendus, en améliorant les rendements des producteurs et en permettant de ce fait des économies importantes sur toute la chaine tout en préservant la planète.
Picto Access, l’accessibilité pour tous
Tant qu’on ne le vit pas, on ne s’en aperçoit pas, et pourtant l’accessibilité en ville est loin d’être acquise pour tous : 9 personnes sur 10 éprouvent des difficultés d’accessibilité lors de leurs déplacements selon une étude Ifop réalisée pour l’AFP France Handicap. Familles avec poussette, seniors, personnes en situation de handicap, il n’est pas toujours évident de se déplacer en totale autonomie dans nos villes, et ce malgré la loi du 11 février 2005 qui rend l’accessibilité obligatoire pour tous les déplacements de la vie collective. Face à ce constat, Justin Marquant décide de créer Picto Access avec deux autres associés, un service innovant à destination d’usagers individuels et de professionnels recevant du public. Pour les premiers, l’appli Picto Access gratuite leur donne des informations sur l’accessibilité de leurs lieux de déplacement. Pour les seconds, la souscription à un abonnement leur offre un accès à un service permettant de qualifier l’accessibilité de leurs établissements via de petits pictogrammes sur l’application, de valoriser leurs investissements et de communiquer auprès des usagers afin d’en faire un atout commercial. Résultat : de nombreux clients à son actif dont la Maif, Veolia, ou encore Keolis, et une volonté de poursuivre son déploiement en France et à l’international grâce à un important tour de table qui vient d’être bouclé.
Fleur d’ici, les fleurs éthiques
Et pour finir notre tour des start-ups inspirantes, un peu de poésie ! Fleurs d’ici, entreprise à mission et engagée, est la première marque de fleurs éthiques, 100% française. Derrière les fleurs se cachent des conditions d’exploitation non respectueuses de l’environnement et des humains. Saviez-vous qu’un bouquet de roses importées représente l’équivalent d’un aller-retour Paris-Londres en avion ? Un sacré cadeau empoisonné pour la Saint Valentin ! C’est ce qu’a dénoncé l’hashtag #pasderoserougealasaintvalentincette année afin de sensibiliser les consommateurs au poids des fleurs importées dans notre bilan carbone. Pour répondre à ce défi de taille et peu connu, Hortense Harang et Chloé Rossignol ont fondé Fleurs d’ici qui propose des fleurs locales et de saison dans de superbes compositions à offrir ponctuellement ou à adopter en abonnement. Au-delà de l’impact environnemental, ce projet soutien les filières horticoles françaises pour mettre en valeur les variétés de fleurs et les savoir-faire français. Alors si vous avez envie d’embellir votre intérieur en donnant du pouvoir aux fleurs, offrez-vous un bouquet !
Dans une période aussi effervescente que troublée, de beaux projets émergent et nous invitent à réfléchir autrement afin de construire un avenir plus responsable à travers des habitudes de consommation transformées, des villes intelligentes ou des solutions d’utilité publique tenant compte de réalités sociales. Les start-up françaises sont créatives, inventives et tournées vers un futur optimiste. Alors n’hésitons pas à les soutenir et à tester les solutions qu’elles proposent. La journée des start-ups ce n’est pas que le 11 mars, c’est toute l’année !
Julia Domini & Julie Delaissé