Pacte vert européen malmené, CSRD en reconfiguration, CS3D abandonnée… Et si les professionnels de la RSE ne s’en désolaient pas ? Car même vidée de sa substance, une norme qui intègre des considérations RSE conserve un mérite essentiel : celui de faire émerger des sujets longtemps relégués au second plan. Décryptage d’un catalyseur inattendu de transformation.
Elle les met à l’agenda, les rend visibles, et parvient ainsi à créer un cadre de dialogue structuré sur des enjeux clé comme le climat, la biodiversité, l’eau, les pollutions ou les droits humains dans les chaînes de valeur.
Ce n’est pas tout : la norme oblige aussi des équipes entières à monter en compétence. Les directions financières qui s’approprient les enjeux extra-financiers via la double matérialité, les achats qui intègrent des critères sociaux et environnementaux, les partenaires sociaux qui s’emparent de sujets RSE. Ce faisant elle favorise des synergies nouvelles entre fonctions clés — comme on l’a vu avec le rapprochement entre RSE et finance autour de la CSRD.
La norme : ce catalyseur inattendu de transformation
On peut certes regretter que les détricotages actuels fassent perdre un temps précieux. Mais rien n’enlèvera ce qui a été amorcé : les déclics qui touchent de nouveaux publics dans l’entreprise.
Si on considère la RSE comme un équilibre entre figures imposées (lois, normes, attentes sociétales) et figures libres (liées à la raison d’être et au modèle économique), alors la norme reste un outil précieux : elle donne un socle objectif que l’entreprise aurait du mal à inventer seule, elle permet de s’évaluer, se comparer et de progresser.
Aujourd’hui, les entreprises peuvent le faire avec des niveaux d’ambitions graduels et à leur main. Par exemple en suivant les VSME (les normes volontaires issues de la CSRD pour les PME), en mesurant leur performance avec l’impact score développé par le syndicat patronal des entreprises engagées ou en se conformant aux exigences élevées du référentiel B Corp et de ses nouveaux standards d’engagement fraîchement publiés.
Par la norme, peut-être n’a-t-on jamais été aussi bien outillé pour se transformer.
Aurore Maire