Face aux périodes difficiles, aux situations anxiogènes et à la peur, les humains ont toujours eu un moyen de défense assez efficace : le contact physique. Les scientifiques sont clairs là-dessus : les câlins contribuent à la libération de dopamine et sérotonine dans le corps ainsi qu’à la réduction de cortisol (responsable pour le stress). Hélas, nous traversons actuellement une crise particulièrement angoissante qui nous prive en outre de notre arme secrète contre le marasme : Covid-19 oblige, nous ne pouvons plus nous approcher comme avant et ça c’est quelque chose d’irremplaçable. Mais il reste encore de l’espoir : on peut toujours garder le lien d’une autre manière. Pour cette journée internationale du câlin, nous vous proposons un petit tour du langage du don et de l’amour pour retrouver le sens du partage et du collectif.
Les câlins : un bien unique
Au temps d’une pandémie mondiale où la contagion du virus prolifère par point de contact, le câlin est en effet fortement déconseillé. Et pourtant, on s’aperçoit encore plus de sa valeur quand on ne peut plus le pratiquer. Dès la naissance, la première chose que nous partageons est le « peau à peau » avec nos parents et, tout au long de notre évolution, le câlin nous accompagne et devient un repère, une sorte de « moment positif » et de partage d’affection.
Les câlins nous offrent un sentiment de bien-être grâce à la production d’ocytocine, hormone responsable du sentiment de bonheur et qui permet de réduire les émotions négatives, comme l’anxiété. Le contact physique serait donc un atout pour lutter contre la déprime et booster son énergie. Pendant ces quelques minutes d’embrassade, les tracas et parfois la dureté du quotidien s’arrêtent pour laisser place à de la douceur et de la bienveillance. Après un câlin, on peut repartir d’un pas plus apaisé·e·s et déterminé·e·s pour vivre sa journée et même se dépasser.
L’importance du câlin peut être différente selon les cultures. On parle souvent du fameux « hug », répandu dans la culture américaine, ainsi que de la bise en France et dans certains autres pays européens. Ce sont deux pratiques différentes mais très ancrées dans nos habitudes culturelles quotidiennes depuis la nuit des temps.
Face à tous ces bienfaits et sa dimension historique, la psychothérapeute américaine Virginia Satir affirme que se faire des câlins huit fois par jour suffirait pour « bien fonctionner ». Alors qu’il semble être une « médication » saine et gratuite pour faire face à une période aussi anxiogène que celle que nous vivons, comment pouvons-nous nous en passer ? Ne pourrait-on pas transformer le câlin pour continuer à bénéficier de ses faveurs positives ?
Le langage du don et de l’amour
Les câlins et leurs effets positifs ne se remplacent pas : nous l’avons compris. Mais nous pouvons tout de même retrouver de la joie et du réconfort ailleurs — par exemple, grâce au langage ! La communication verbale, quoique pas toujours facile derrière les masques, est devenue essentielle pendant la pandémie de Covid-19. Les mots nous permettent d’établir une connexion et de maintenir le lien avec nos proches, nos collègues et nos ami·e·s tout en respectant les mesures sanitaires. A l’aide de nos phrases, nous bâtissons le pont menant à l’autre.
Dans la communication avec autrui, nous faisons toujours des choix : les mots sont beaucoup plus que tout simplement « des mots », ils traduisent un sentiment, une volonté, une demande, un remerciement. Lorsque nous parlons entre nous, les éléments de langage choisis sont très importants : il y a certaines tournures de phrase ou des paroles valorisantes qui peuvent réconforter l’autre, comme souligne Jean-Édouard Grésy dans cet article. Vous pouvez, par exemple, faire un compliment au projet sur lequel travaille votre partenaire en ce moment, à la nouvelle coupe de cheveux de votre père ou encore à la curiosité de votre nièce.
Parfois, nous n’avons pas besoin de chercher trop loin : certains mots déjà répandus réussissent très bien la tâche de « câliner » l’autre, comme « merci ». Cinq lettres qui contiennent beaucoup de significations, comme Marie Donzel l’explique : remercier quelqu’un, c’est avant tout un geste de bienveillance et de reconnaissance mais aussi une preuve de maturité et d’altruisme. Ou nous pouvons, avant même de dire merci, penser au « s’il te plaît » ! Et, au cas où un conflit s’installerait, rester calme, humble et ne pas hésiter à reconnaître que nous avons eu tort, le cas échéant : vouloir avoir raison à tout prix ou dire des choses comme « Je te l’avais dit ! » peuvent être perçus comme l’inverse d’un câlin verbal, voire presque une agression…
L’importance d’offrir son temps à l’autre
Nous ne pourrions pas oublier un élément qui se rapproche beaucoup d’un câlin : le don ! L’acte d’offrir quelque chose à l’autre, sans engagement et sans attente, crée une dynamique saine des relations sociales : donner, bien évidemment, mais aussi demander, recevoir et rendre.
Le don peut également contribuer à l’instauration d’un environnement bienveillant parfait pour passer un « moment de qualité », malgré l’absence de câlins : vous savez, ce genre d’instants où toute notre attention est concentrée sur nos interlocuteurs et interlocutrices et où il y a une vraie connexion entre les personnes. Se rendre disponible, vraiment écouter l’autre, prendre le temps d’envoyer un texto ou d’appeler quelqu’un pendant sa pause ainsi que les blagues, le partage d’une info intéressante, un petit cadeau à son collègue (ne serait-ce qu’un éclair au chocolat de votre boulangerie préférée)… Autant de gestes qui peuvent avoir un impact positif sur la journée de nos proches. Offrir son temps est un don comme un autre.
Nous avons tou·te·s hâte de pouvoir partager de bons moments avec nos proches sans les mesures sanitaires, sans masques et avec beaucoup de câlins ! Mais en attendant, nous pouvons profiter de l’occasion pour nous rappeler toutes ces autres pratiques « câlines » qui restent importantes et valorisantes pour les relations humaines.
Emma Teixier et Marcos Fernandes