Après le succès des Jeux Olympiques, c’est au tour des Jeux Paralympiques de faire rayonner le sport et Paris partout dans le monde. Un événement d’autant plus attendu pour le caractère exceptionnel de ses épreuves. Car si les Jeux Paralympiques ont depuis leur création offert une plateforme internationale aux athlètes en situation de handicap, ils ont également redéfini les règles de nombreux sports pour les rendre plus inclusifs. L’occasion de célébrer la diversité des capacités humaines tout en inspirant des millions de personnes à travers le monde.  

Alors comment ces jeux sont-ils parvenus à réinventer leurs propres règles du jeu ? Et quels enseignements en tirer pour le monde du travail ? Décryptage. 

Tour d’horizon des épreuves phares 

En 1948, les Jeux Paralympiques sont organisés pour la première fois à l’hôpital de Stoke Mandeville, en Angleterre, par le Dr Ludwig Guttmann, dont la conviction était que le sport pouvait être un véritable moyen de réhabilitation pour les soldats blessés pendant la Seconde Guerre mondiale. Depuis lors, les Jeux Paralympiques ont évolué en incluant une multitude de sports adaptés, chacun avec ses propres règles et régulations conçues pour permettre au plus grand nombre d’y participer.  

Parfois encore méconnus du grand public, nous vous proposons de découvrir quelques-unes des épreuves les plus impressionnantes… Et les règles qui viennent les encadrer !  

Course en fauteuil : la vitesse réinventée 

Les courses en fauteuil roulant sont l’une des disciplines les plus emblématiques des Jeux Paralympiques. Introduites dès les premiers Jeux de 1960, ces épreuves ont évolué pour inclure diverses distances, allant du sprint de 100 mètres aux marathons. 

Règles et compétences : Les athlètes utilisent des fauteuils roulants spécialement conçus pour la vitesse et la maniabilité. La propulsion est assurée par la force des bras et le transfert de puissance à travers les roues. Les compétences clés incluent la force musculaire, l’endurance, la technique de poussée, et la stratégie de course. Les fauteuils roulants doivent respecter des spécifications strictes pour garantir une compétition équitable. 

Boccia : un sport de précision 

La boccia est un sport de précision qui trouve ses racines dans les jeux de boules de la Grèce antique. Intégré aux Jeux Paralympiques en 1984 à New York, la boccia est spécifiquement conçue pour les athlètes atteints de paralysie cérébrale ou d’autres handicaps physiques sévères. 

Règles et compétences : Les joueurs doivent lancer des boules en cuir aussi près que possible d’une boule cible, appelée le « jack ». Les matchs peuvent être individuels, en paires, ou en équipes de trois. La boccia met en avant la précision, la stratégie et le contrôle musculaire fin. Les athlètes utilisent parfois des rampes et des aides techniques pour lancer les boules, permettant ainsi une participation équitable malgré les limitations physiques sévères. 

Cécifoot : le football auditif 

Le cécifoot, ou football à cinq pour les déficients visuels, a été intégré aux Jeux Paralympiques pour la première fois en 2004 à Athènes. Ce sport est une adaptation du football traditionnel, modifié pour répondre aux besoins des athlètes malvoyants et non-voyants. 

Règles et compétences : Le cécifoot se joue avec un ballon sonore, ce qui permet aux joueurs de localiser le ballon par le bruit. Les équipes sont composées de quatre joueurs de champ aveugles et d’un gardien de but voyant. Les compétences mises en avant incluent l’orientation auditive, la coordination, et la maîtrise du ballon. Les joueurs doivent également communiquer efficacement et faire preuve de stratégie collective. 

Vous l’aurez compris, les Jeux Paralympiques ne se contentent pas de copier les sports existants. Les règles du jeu sont totalement réinventées pour inclure toute la diversité des capacités humaines.  Et la boccia, le cécifoot et les courses en fauteuil illustrent parfaitement cette innovation. Mais comment cette nouvelle génération d’athlètes et de supporters a été invitée à embrasser une vision plus inclusive du sport ?  

Catégoriser pour mieux visibiliser 

Si ces épreuves ont pu voir le jour, c’est en grande partie grâce à la catégorisation minutieuse des handicaps et à la création de sous-catégories. En effet, cette classification permet de garantir une compétition équitable en regroupant les athlètes en fonction de leurs capacités fonctionnelles, plutôt que de leurs déficiences spécifiques. Ainsi, les compétitions de boccia, de cécifoot et de course en fauteuil sont divisées en différentes catégories pour s’assurer que les athlètes concourent contre ceux ayant des niveaux de capacité similaires.  

Face à la mise en avant des différences entre les athlètes, certaines critiques peuvent émerger, arguant que cela pourrait renforcer les stigmates. Néanmoins, cette visibilité est cruciale car en reconnaissant et en nommant ces différences par le pouvoir du langage, chaque individu peut participer pleinement et équitablement à la compétition. Autrement dit, c’est en énonçant ces catégories qu’on les rend visibles ; et c’est en les rendant visibles que nous sommes en capacité de les inclure. Et ainsi de contribuer à changer les perceptions sociétales sur le handicap.  

Redéfinir les règles d’une entreprise au service de l’inclusion  

La catégorisation des handicaps aux Jeux Paralympiques illustre brillamment la manière dont la réinvention des règles peut conduire à une inclusion véritable et équitable. Et ce modèle ne se limite pas au domaine du sport ; il peut également inspirer le monde de l’entreprise à repenser ses pratiques pour plus d’inclusivité. 

Créer des environnements inclusifs 

Si l’idée ne semble pas encore largement répandue, elle représente pourtant une opportunité significative pour créer des environnements de travail plus inclusifs. C’est en « adaptant le travail à l’être humain » que les entreprises gagnent en performance sociale et économique, nous rappelle le mantra de l’ergonomie. À commencer par prendre en compte la diversité humaine lors de la conception et la définition même d’une organisation du travail. En adoptant une démarche centrée sur l’expérience collaborateur pour concevoir des environnements de travail adaptés qui maximisent le potentiel des employés tout en respectant leurs capacités et leurs besoins spécifiques. Alors, et si l’on révisait les techniques de recrutement, les parcours d’intégration, la conception des fiches de postes ou encore les critères d’évaluation pour les rendre plus inclusifs ? 

Vers des innovations sociales pour tous  

Si les adaptations physiques sont une priorité, il est également essentiel de redéfinir les parcours de formations, les pratiques managériales pour favoriser la prise en compte et la valorisation de toutes les compétences. Par exemple, en optant pour des modalités de réunion disruptives (outils d’intelligence collective, méthodes de créativité, management visuel..) un manager peut permettre au grand nombre, quel que soit ses habiletés, d’y participer. 

Par ailleurs, lorsque des innovations sociales sont mises en place pour répondre à une situation de handicap ou pour soutenir les profils neuroatypiques, elles améliorent non seulement le quotidien des personnes concernées, mais bénéficient également à l’ensemble de l’équipe de travail. Et pour cause, les ajustements comme des horaires flexibles, des outils de communication adaptés ou des environnements de travail inclusifs ne profitent pas uniquement à ceux qui en ont directement besoin, mais améliorent également l’accessibilité, la communication et la collaboration pour tous. Il suffit d’observer à quel point les portes automatiques et rampes d’accès, initialement conçues pour faciliter la vie des personnes en situation de handicap, profitent aujourd’hui plus largement à l’ensemble de la société.  

Finalement, réinterroger les règles du jeu d’une épreuve sportive autant que les pratiques de son entreprise peut permettre non seulement de favoriser l’inclusion… Mais aussi de conduire à des innovations et des améliorations qui profitent à tous. En ce sens, l’inclusion n’est pas seulement une question de conformité ou de case à cocher, elle représente surtout l’opportunité de valoriser les talents divers et de créer des environnements au sein desquels chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.